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Guinée : vers un soulèvement populaire aux conséquences incontrôlables ? (Tribune)

La volonté de confiscation du pouvoir du légionnaire Mamadi Doumbouya et ses laquais est désormais une lapalissade tant son régime dictatorial tend à multiplier les actions visant à banaliser et à normaliser les travers de la transition à durée indéterminée imposée au pays et le calvaire de populations guinéennes qui, précipités dans le précipice, n’auront que pour ultime recours le soulèvement . La question n’est pas de savoir si elles le feront, mais quand est-ce qu’elles le feront tant les frontières de l’insoutenable, de l’inimaginable et de l’inacceptable auront été sans cesse repoussées par le CNRD.
Trente-quatre mois après la prise du pouvoir par effraction par les forces spéciales , où en sommes-nous aujourd’hui ? Les pratiques liberticides dénoncées par le CNRD pour justifier le coup d’État sont reconduites de plus belle et exacerbées : Instrumentalisation de la justice, culte de la personnalité, politisation à outrance de l'administration publique, népotisme, favoritisme clanique et régionaliste dans les nominations et les attributions des marchés publics, propagande populiste, arrestations et détentions arbitraires, harcèlements et intimidations des acteurs politiques et sociaux opposés à la conduite unilatérale de la transition ; interdictions sans base légale des manifestations pacifiques et des sorties du territoire , musèlement de la presse, assassinats de manifestants par les forces de défense et de sécurité, sans oublier le refus de la junte de publier la liste nominative de ses membres et la déclaration du patrimoine des autorités de la transition. Une régression terrible pour notre pays. La junte nous démontre au quotidien qu’elle a droit de vie et de mort sur chaque guinéen et que sa seule légitimité, loin d’émaner du peuple, est celle qu’elle tire des armes, son seul langage, loin de s’apparenter au dialogue, est celui de la force, son seul mode de régulation de la société, les chars plutôt que le droit, et la seule attitude à tenir face aux Guinéens : le mépris, toujours le mépris, encore le mépris en lieu et place du compromis. Mais quand diantre sifflerons-nous la fin de la récréation ?
Face à ce constat alarmant et accablant, le peuple de Guinée laissera-t-il faire la junte au point de mettre sa propre existence en danger et de voir tous ses maigres acquis démocratiques et républicains disparaitre comme par enchantement ?
Le renoncement du CNRD à tous ses engagements et son obsession du pouvoir dans le seul but de piller la Guinée et non de servir les Guinéens finiront par nous entrainer dans une situation dangereuse et funeste et fera naître une crise qui précipitera le pays tout entier dans un chaos indescriptible.
Cette rupture unilatérale du contrat qui liait la junte guinéenne au peuple de Guinée enlève à la première toute légitimité et toute crédibilité pour diligenter le retour à l’ordre constitutionnel. D’ailleurs, la posture de fermeté et les initiatives concrètes prises par les Forces Vives de Guinée sont à saluer et à encourager. Elles gagneraient à être renforcées.
C’est peu dire que de soutenir que tous les ingrédients d’un soulèvement populaire contre les populistes mal inspirés du CNRD sont réunis : Cherté de la vie, chômage endémique des jeunes et des femmes, manque d'électricité, inversion des valeurs de méritocratie, violation du serment de Mamadi Doumbouya de transmettre le pouvoir aux civils, corruption et détournements de deniers publics, mode de vie ostentatoire des autorités de la transition, destruction et confiscation de biens privés, défiance à tous les niveaux, les violations graves et massives du droit à la vie…
Face aux tentatives de glissement au-delà de 2024, il faut d’emblée signifier au légionnaire Doumbouya et à tous ses thuriféraires que la Guinée n’est ni le Mali ni le Burkina Faso car le peuple de Guinée affrontera et surmontera tous les obstacles qui se dresseront sur son chemin vers la démocratie et l’Etat de droit. Les acteurs politiques et de la Société civile affûtent leurs armes et se préparent pour les grandes batailles citoyennes en perspective qui ne seront pas sans conséquences pour la Guinée et la sous-région.
Le choix revient donc au légionnaire Doumbouya entre le respect de ses engagements et la défiance du peuple. Toute voie contraire à celle que s’était engagé à emprunter l’apprenti-dictacteur Mamadi Doumbouya équivaudrait à une déclaration de guerre faite au peuple de Guinée avec les conséquences qui s’y attachent.
Les propos du sulfureux et excentrique porte-parole du gouvernement selon qui « …la transition n’a pas de durée fixe, elle n’est ni bousculée, ni pressée … » lancent le coup d’envoi officiel du programme de confiscation du pouvoir par Mamadi Doumbouya et ses vassaux.
Face à cette provocation de trop d’une prolongation de la transition, l’ultime recours dont dispose le peuple de Guinée pour mettre un terme à cette dérive liberticide et suicidaire de la junte, c’est de renverser Doumbouya et son CNRD.
QUE DIEU SAUVE LA GUINÉE du CHAOS QUI LA GUETTE!

Sékou Koundouno
Responsable des stratégies
et planification

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