Pulchellus

Les indispensables réformes structurelles des finances publiques de la Guinée (Bah Oury)

La loi des finances rectificatives vient d’être adoptée par les parlementaires guinéens. Cependant l’exécution au 30 juin du budget 2019 révèle la persistance de dysfonctionnements graves qui méritent un éclairage approfondi, car reflétant les maux dont souffre la gouvernance économique de la Guinée. La mobilisation des ressources intérieures, la qualité des dépenses publiques et l’endettement récurrent pour financer les déficits permettent d’avoir des enseignements pertinents sur l’état de l’économie nationale et sur la nature de la gouvernance macroéconomique de la Guinée. La Guinée est marquée par une faible capacité de mobilisation des ressources nationales En 2015, la Guinée est classée 184 éme sur 189 pays par le niveau de recouvrement des impôts. Le taux de pression fiscale projeté dans la loi des finances rectificatives n’est que de 13,1% du PIB alors que le niveau minimal recommandé par le PNUD en 2010 pour financer les Objectifs du Millénaire du Développement est de 20% du PIB. Des pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire avoisinent le seuil requis avec des PIB triple de celui de Guinée pour le Sénégal et six fois plus pour la Côte d’Ivoire. Le rapport dit « le consensus de Monterray » pointe la responsabilité de chaque pays au premier chef de son propre développement économique et social en adoptant des politiques et des stratégies qui leurs sont propres. Il ne saurait y avoir de développement, de mise en œuvre des politiques de lutte contre la pauvreté sans une collecte optimale des ressources fiscales qui constituent la principale source durable, prévisible et saine de mobilisation des recettes. Un Etat sans une réelle capacité d’instaurer les conditions requises pour drainer l’épargne publique et privée vers le financement de l’investissement nécessaire dans les biens productifs et le développement humain s’enfonce inexorablement vers la faillite. La Guinée doit impérativement changer de cap en mettant la priorité sur le renforcement de ses capacités de collecte des ressources intérieures en mettant en place une organisation fiscale performante, innovante , juste et équitable. C’est à ce niveau que nous pourrons enclencher une dynamique vertueuse qui contribuera à briser les rigidités structurelles de l’économie guinéenne. Les budgets présentés par le gouvernement du Premier Ministre I. kassory Fofana sont restés dans la logique privilégiant l’endettement. En effet l’absence d’une politique de l’épargne, combinée à une faible bancarisation de l’économie, génère des besoins de financements qui créent des déséquilibres entre le niveau des recettes et la progression des dépenses publiques. Depuis la fin des années 90 , les déficits qui en résultent sont financés par le recours par l’endettement auprès du trésor. Ainsi les capitaux collectés par les banques financent prioritairement les déficits de l’Etat ce qui réduisent d’autant les crédits aux entreprises et aux ménages. C’est ce qu’on appelle l’effet d’éviction. Un pays ne peut se développer que dans la mesure où il dispose d’une épargne nationale suffisante qu’il affecte de manière judicieuse sans porter atteinte à ses grands équilibres. Dans ce contexte il n’est pas étonnant de constater que pour le premier semestre de 2019, il n’y a eu que 114 milliards FG d’investissements publics pour un objectif pour la même période 11 fois supérieures. Or sans des investissements importants et réguliers il n’est pas possible d’inverser la courbe de progression de la pauvreté. A titre d’illustration il est nécessaire d’avoir un taux de croissance économique à deux chiffres sur plusieurs années pour faire reculer la pauvreté absolue qui affecte aujourd’hui 6 guinéens sur 10. Des dépenses publiques faiblement exécutées

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